Le plus grand besoin de l’être humain

Chapitre 1 | Sommaire de ce chapitre

Une fausse issue

La Bible et le terrorisme

Pourquoi tant de souffrance ?

Vaut-il la peine de vivre dans un monde de douleur ?

Il y a des réponses !

Le désir d’être heureux

L’aube me paraît mélancolique à Madrid. Mais ce n’est pas étonnant. En réalité, les aurores exhibent un visage inconsolable dans n’importe quelle partie du monde. Peut-être parce que la nuit agonise, désespérée, dans les bras du nouveau jour. Peut-être parce que le soleil, comme un enfant craintif, retarde capricieusement son apparition. Ou, qui sait, parce que la tristesse déforme les bonnes choses de cette vie ? Je n’en sais rien. Mais ce matin, la capitale espagnole semble plus triste que jamais. Elle sent le sang et la mort sans motif apparent.

Au village d’Alcorcón, dans une maison aux murs bleutés garnis de balcons en fer forgé, trois hommes répètent des phrases isolées, telles une mélopée. Ce sont des pleurs déchirants qui jaillissent du plus profond du cœur et ressemblent à des lamentations mortuaires. Une vieille petite lampe illumine de sa lumière anémique la chambre exiguë dans laquelle ils conversent. Leurs visages paraissent maléfiques, baignés de haine et de rancœur. Leurs yeux manquent de vie et leurs corps traînent le poids de la mort. Ils paraissent pourtant extrêmement satisfaits. Tout va comme ils l’ont planifié.

À cinq heures du matin, les Madrilènes se réveillent comme tous les jours, pour affronter les tâches habituelles. Ils partent vers leurs devoirs comme des oiseaux migrateurs cherchant leur destination. Chacun traîne sa propre tristesse, vit son drame, pleure sa douleur ou profite de sa joie. C’est une matinée froide, typique de mars.

Les personnages mystérieux, eux aussi, abandonnent silencieusement la maison et s’embarquent dans une fourgonnette blanche. Leurs visages sont sérieux, chargés de culpabilité, marqués par de profondes rides de préoccupation, mais décidés à remplir leur engagement.

À cette heure de la journée, le son des trains interrompt le silence de l’aube. Les foules s’entassent dans des wagons. Les gens entament leur nouvelle routine quotidienne, le regard perdu, esclaves de la hâte et immergés dans un va-et-vient parfois inexplicable, se laissant simplement porter par le courant de la vie.

En arrivant dans les environs de la gare d’Alcalá de Henares, les hommes abandonnent la fourgonnette et se mêlent aux usagers du train. Ils avancent comme des fauves affamés. Ils portent aux épaules de lourds sacs à dos mais progressent à une allure vertigineuse. Puis ils se répartissant stratégiquement dans les trains et les wagons. Leurs sacs contiennent un explosif appelé Goma-2 ECO.

Il est 7 h 36 du matin. Les ambassadeurs de la mort abandonnent silencieusement les sacs à dos dans les trains pour ensuite se poster à différents endroits. Commence alors le compte à rebours. Deux minutes après, de l’extérieur de la gare, l’un d’entre eux envoie un appel téléphonique et active le temporisateur des explosifs.

ÉLÉMENTS QUI FAVORISENT LE DÉVELOPPEMENT DU TERRORISME

La tragédie franchit les limites d’un plan macabre pour se cristalliser dans une réalité sanguinaire. Trois bombes explosent dans la gare d’Atocha, l’une des plus grandes de Madrid. L’explosion rafle la vie de plusieurs passagers qui n’ont même pas le temps de se rendre compte de la situation. L’obscurité s’empare de leurs esprits. Pour eux, tout est déjà fini. Mais il y a ceux qui survivent pour raconter. Tout est confusion, cris, éclats de lumières. Épouvantés, les gens essaient de courir sans comprendre ce qui arrive. Tous cherchent la sortie, se piétinent, et la panique envahit la gare. Des blessés jonchent le sol de toutes parts. Deux minutes après, deux autres bombes explosent dans la gare El Pozo del Tío Raimundo, une dans celle de Santa Eugenia, et quatre autres dans un quatrième train, à côté de la rue Téllez. 1

Le peuple espagnol est durement secoué. Il a reçu un cruel coup de poing en plein cœur. Il y a du sang partout. Plus que du sang, du désespoir, de la souffrance et des cris d’impuissance. La police n’arrête pas d’appeler ni de lancer des ordres à ses corps de sécurité. Les hôpitaux fonctionnent bien au delà de leur potentiel. Les appels téléphoniques saturent les lignes de tout le pays. On connaîtra le bilan de la tragédie en peu de temps : 191 morts et plus de 1.500 blessés. 2 L’Espagne pleure ses morts. De nombreux parents étreignent dans leurs bras les corps inertes et ensanglantés de leurs enfants, beaucoup de femmes pleurent le départ prématuré de leurs époux, un bon nombre d’enfants perdent leurs géniteurs.

Personne ne comprend ce qui arrive. Simplement, tout le monde souffre. La douleur sourit, sinistre, effrontée et insensible, tandis qu’une dame d’environ soixante ans, femme de ménage de profession, lève les yeux au ciel et crie avec désespoir en voyant sa jambe déchiquetée : « Quel mal ai-je fait pour mériter ça ? »

Une fausse issue

Cinq ans plus tard, le lundi 5 janvier 2009, dans la localité allemande de Blauberen, le magnat Adolf Merckle, âgé de soixante-quatorze ans, se réveille à 7 heures, selon son habitude. Sauf que cette fois, une idée sinistre l’envahit. Sa situation financière n’est pas aussi bonne que la nuit précédente mais il est encore en possession d’une fortune considérable. À 8 heures, il prend son petit déjeuner et il jette un coup d’œil aux quotidiens du jour. Malgré la perte de quelques-unes de ses entreprises, évaluées à un milliard cinq cents millions de dollars, il tient encore en mains un empire économique de plus de neuf milliards deux cents millions de dollars, ce qui le situe, selon la revue Forbes, parmi les cent hommes les plus riches de la planète.

Si cet opulent monsieur avait suivi sa routine quotidienne ce jour-là, il serait sorti de chez lui et se serait rendu à son imposant bureau situé dans le centre de la ville pour y vaquer à ses affaires. Mais pour lui, ce n’est pas un jour normal. Quelques heures plus tard, Merckle rédige une lettre d’adieu à sa famille, marche trois cents mètres, se couche sur la voie ferrée et attend que le train passe. Pour lui, c’est la fin des problèmes. Son cadavre est localisé cette même nuit. 3

La Bible et le terrorisme

Les pages des Écritures offrent des orientations qui, correctement contextualisées, contribuent à la construction d’une société plus juste.

✔ « Mes chers amis, ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laissez agir la colère de Dieu, car l’Écriture déclare : « C’est moi qui tirerai vengeance, c’est moi qui paierai de retour, » dit le Seigneur. Et aussi : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s’il a soif, donne-lui à boire ; car, en agissant ainsi, ce sera comme si tu amassais des charbons ardents sur sa tête. » Ne te laisse pas vaincre par le mal. Sois au contraire vainqueur du mal par le bien. » (Romains 12 : 19-21, Bible en français courant, 1997)

✔ « Il y a six choses que hait l’Éternel, et même sept qu’il a en horreur : les yeux hautains, la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent, le cœur qui médite des projets iniques, les pieds qui se hâtent de courir au mal, le faux témoin qui dit des mensonges, et celui qui excite des querelles entre frères. » (Proverbes 6 : 16-19)

✔ « Éloigne-toi du mal et fais le bien ; recherche et poursuis la paix. » (Psaumes 34 : 14)

✔ « Vous avez appris qu’il a été dit : “œil pour œil et dent pour dent”. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre. » (Matthieu 5 : 38-39)

✔ « Tu entends les vœux de ceux qui souffrent, ô Éternel ! Tu affermis leur cœur ; tu prêtes l’oreille pour rendre justice à l’orphelin et à l’opprimé, afin que l’homme tiré de la terre cesse d’inspirer l’effroi. » (Psaumes 10 : 17-18)

✔ « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais le bien, et tu auras son approbation. Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience. C’est aussi pour cela que vous payez les impôts. Car les magistrats sont des ministres de Dieu entièrement appliqués à cette fonction. Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur. » (Romains 13 : 1-7)

✔ «Tu ne tueras point. » (Exode 20 : 13)

✔ « Il (Dieu) sera le juge des nations, l’arbitre d’un grand nombre de peuples. De leurs glaives ils (ses fils) forgeront des hoyaux, et de leurs lances des serpes : une nation ne tirera plus l’épée contre une autre, et l’on n’apprendra plus la guerre. » (Ésaïe 2 : 4)

Un an auparavant, Merckle avait fait certains investissements dans l’entreprise Volkswagen et y avait perdu un milliard d’euros en actions. 4 L’illustre investisseur, qui s’était révélé être un guerrier infatigable tout au long de sa vie, ne put résister à la souffrance causée par la crise financière, l’incertitude du futur et l’impuissance devant la situation chaotique de ses entreprises. Il décida donc de mettre un point final à son existence, non sans avoir dit auparavant à un ami : « Le monde ne sortira pas de cette crise et nous paierons tous parce que nous sommes tous coupables. »

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Pour ne pas vous laisser emporter par les sentiments…

Pourquoi tant de souffrance ?

¿Pourquoi la dame blessée dans la gare d’Atocha et le millionnaire allemand liaient-ils la souffrance au mal ? Vous êtes-vous parfois demandé pourquoi nous souffrons ? Sans procéder à une analyse profonde, nous dirions instinctivement que nous souffrons parce que quelque chose va mal. Et c’est peut-être le cas. Comment ce qui nous fait souffrir pourrait-il être bon ? En réalité, souffrir n’est rien d’autre que savourer le fiel amer du mal. La douleur n’existerait même pas si elle ne mettait pas à vif les sens de votre âme. Or, elle les touche. Elle est réelle. Elle pénètre dans votre vie contre votre volonté. Elle est bien souvent étrangère à vos décisions. Personne, du moins en pleine possession de ses facultés mentales, ne la désire. Pourtant, pour une raison qui vous échappe, elle défonce la porte de votre cœur, se présente sans votre autorisation, s’empare de vos nuits et de vos jours, déclenche en vous de l’angoisse et vous conduit au déséquilibre émotionnel.

Et, pour comble du malheur, la souffrance humaine est différente de la douleur des êtres irrationnels, car il semblerait que l’animal, incapable de philosopher sur le sens de sa souffrance, n’éprouve qu’une douleur physique. Mais dans votre cas, c’est différent. La souffrance surgit dans votre vie revêtue de tristesse, de chagrin, d’anxiété, d’angoisse, de crainte, de désespoir. Elle vous asphyxie, vous énerve. Et vous croyez instinctivement que l’unique issue est de fuir, de s’échapper ou de disparaître dans quelque endroit du monde où elle ne vous trouve pas, de vous cacher aux confins les plus reculés de la terre. Mais en tentant de le faire, vous découvrez que c’est impossible, car vous êtes fait de peau et d’os et vous voilà enfermé dans la nature de votre propre être.

C’est dans ces circonstances que beaucoup de gens considèrent la mort comme unique issue. S’il n’en était pas ainsi, pourquoi un être humain comme Adolf Merckle mettrait-il fin à sa vie ? En arriver au suicide est une mesure radicale prise quand on ne voit plus de lumière briller au fond du tunnel. Les spécialistes expliquent qu’en général, une personne ne décide pas d’un jour à l’autre d’en finir avec sa vie. Les psychologues affirment qu’un long et douloureux parcours sépare le désir de mourir de l’acte du suicide. 5 C’est terrible d’imaginer quelqu’un planifiant sa propre mort, pensant aux détails de ses derniers moments, écrivant des messages pour expliquer sa décision à sa famille et à ses amis, encore qu’il soit certain qu’il n’existe aucun message capable d’expliquer aux membres de la famille le suicide d’une personne aimée.

Vincent Van Gogh écrivit dans un moment de dépression que le suicide fait que les membres de la famille et les amis se sentent assassins. La phrase peut paraître dure mais est réelle. J’ai vu la douleur sur le visage de personnes qui ont perdu un être cher dans les griffes du suicide. Ce n’est pas simplement la douleur de la mort. C’est une douleur plus profonde, mêlée de culpabilité. Comme si les gens se demandaient : « Qu’aurais-je pu faire pour éviter cette tragédie ? » La réponse est très simple : rien. À peine parvenons-nous à survivre dans un monde de douleur et de tristesse.

Vaut-il la peine de vivre dans un monde de douleur ?

Mais pourquoi la souffrance existe-t-elle ? Serait-il possible de vivre une vie sans douleur, sans maladie, sans violence ni larmes ? Chaque fois que la souffrance frappe à la porte de son cœur, l’être humain se demande : « Pourquoi tout ceci ? Pourquoi moi ? » Alors, il cherche des réponses partout. Vouloir connaître la cause de la douleur est naturel. Tenter de pénétrer les mystères de l’incompréhensible est logique. La raison même nous oblige à ne pas rester les bras croisés.

Bien sûr qu’il existe des gens indifférents, ou du moins ceux qui préfèrent ne pas penser, ceux qui demeurent dans le doute sans s’interroger. Malheureusement, ces gens sont entraînés par les eaux turbulentes de leur existence dénuée de sens. Ils s’immergent dans l’immédiateté des sens, oublient les valeurs de l’esprit, se laissent porter par l’inertie des tendances contemporaines et restent attachés aux chaînes de la médiocrité. Ironiquement, cette attitude d’apparente facilité engendre aussi en eux mécontentement et dégoût, car l’être humain n’est pas simple matière. La personne finit alors par recourir aux passions et aux plaisirs passagers comme ancre de salut. Elle se fabrique des idoles telles que l’argent, l’ostentation, la somptuosité et l’apparence, ignorant sa propre conscience et s’enterrant dans la fugacité de la consommation, plongeant ainsi dans une spirale sans fin.

Que représente tout ceci ? Un phénomène connu comme le vide intérieur. Vous scrutez le fond de votre propre être en quête de réponses. Or, plus vous cherchez, moins vous en trouvez. Pourtant, si vous vous oubliiez vous-même un instant et leviez les yeux à la recherche d’aide, vous auriez l’occasion d’écrire un nouveau chapitre de votre vie. Malheureusement, l’homme et la femme contemporains ont trop appris à se fier à eux-mêmes pour obtenir des réponses. Et, comme ils ne les trouvent pas, ils optent pour se dissimuler derrière les apparences et se construisent une image qui déguise leur douleur, bien que le coût de ce masque soit leur propre vie.

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Sages conseils où puiser de la force afin d’affronter des moments difficiles confrontés

Cinq mois après le suicide du multimillionnaire allemand à Blauberen, la ville de Paris se réveillait à l’ouïe d’une tragique nouvelle. « Le mercredi 20 mai, l’actrice Lucy Gordon a mis fin à ses jours » 6, annonçait son représentant sans donner plus de détails. Le corps de la fameuse actrice, également mannequin, avait été trouvé dans son appartement situé dans le dixième arrondissement de la capitale parisienne, deux jours avant de fêter ses vingt-neuf ans. La belle jeune femme, dont la carrière pleine d’applaudissements et d’admirateurs montait en flèche, avait confié ceci à une amie quelques jours avant de mettre fin à ses jours : « Cela ne vaut pas la peine de continuer à vivre. »

Pourquoi ne vaudrait-il pas la peine de continuer à vivre ? Notre monde est incohérent, la vie moderne semble avoir perdu le sens des choses et des valeurs. Le cœur humain est excentrique et fat. La force de la culture vous enseigne que la vie tourne en fonction de l’image que vous vous construisez et que vous ne valez rien sans elle. Par conséquent, vous commencez inconsciemment à adorer votre propre image, à la vénérer, en faisant fi des valeurs de l’âme. Votre esprit se concentre sur les caprices de l’apparence et, heureusement - ou malheureusement pour certains -, l’esprit est un puissant instrument grâce auquel vous pouvez aussi bien obtenir la captivité que la libération. Selon la personne à qui vous en concédez le contrôle et la manière dont vous l’utilisez, vous pouvez aboutir dans un cul-de-sac ou dans les champs ouverts de l’épanouissement personnel.

Il y a des réponses !

Dans cette vie, personne n’échappe à la souffrance. Nous pouvons tous sentir un jour que la terre tremble sous nos pieds. Une maladie, une mort subite, un accident, une déception amoureuse, une perte économique peuvent menacer sérieusement votre existence, vous déprimer, vous ôter l’envie de vivre et les forces pour continuer à aller de l’avant. Vous pouvez souvent arriver à un point où vous sentez que tout ce que vous avez construit dans la vie s’écroule comme un château de cartes. Mais cela signifie-t-il que la vie est finie ? Qui détient la réponse ? La science ? La philosophie ? La religion ? La science ne peut prouver l’origine de la douleur ni en découvrir le remède. La philosophie se perd dans un entrelacs de mots et concepts qui vous font tourner la tête sans pour autant diminuer votre douleur. Et la religion ? S’il y a un Dieu, pourquoi le mal et la souffrance existent-ils ? L’histoire de l’humanité se compose d’une succession de tragédies baignées de sang, de larmes, de douleur, de tristesse, de peur, d’abandon, de désespoir et de mort. La question existentielle de l’humanité confrontée à pareil tableau a toujours été : pourquoi ? La réponse sceptique d’Épicure est, ou que Dieu veut éliminer le mal sans le pouvoir, donc est un imposteur incapable, ou qu’il peut le faire mais ne le veut pas et, dans ce cas, il est mauvais. 7

Jusqu’à quel point la réponse d’Épicure est-elle vraie ? Le croyant doit-il vraiment se poser pareille question ? L’article 272 du catéchisme de l’Église catholique affirme que « la foi en Dieu le Père Tout-Puissant peut être mise à l’épreuve par l’expérience du mal et de la souffrance ». Et d’ajouter immédiatement : « Parfois, Dieu peut sembler absent et incapable d’empêcher le mal. » 8

Quelle explication pourrions-nous donner à cette déclaration ? Où est Dieu quand les gens souffrent ? Selon une vieille déclaration qui se transmet de génération en génération, « l’homme naît, souffre et meurt ». Il y en a qui pensent que cette formule exprime avec éloquence la réalité humaine parce qu’elle souligne les deux certitudes les plus absolues de l’homme : la souffrance et la mort.

Cette déclaration reflète-t-elle la vérité ? La douleur fait-elle partie du destin humaine ? Si c’est le cas, pourquoi l’homme fuit-il la souffrance mais pas la faim, ni la soif, ni le rêve ? Il accepte ces derniers, simplement parce qu’ils font partie de sa nature. Mais pourquoi alors n’accepte-t-il pas aussi la douleur ? Cette apparente incohérence est le premier élément du problème à comprendre.

Tant que nous serons des êtres imparfaits et que nous vivrons dans ce monde de finitude et de mort, la souffrance sera inévitable et il n’existe aucune recette magique qui nous permette d’y échapper. Il ne nous reste plus qu’à en comprendre la raison. Cette compréhension nous permettra d’accepter la souffrance, non comme une malédiction ou une condamnation, mais comme un processus de croissance. Ce qui signifierait apprendre à souffrir sans que la souffrance nous détruise.

Qui que nous soyons, tôt ou tard, la douleur nous touchera. Gérer la souffrance ne consiste pas seulement à y résister en l’acceptant comme quelque chose d’inévitable. Son pire aspect n’est pas la douleur en soi mais devoir la subir sans en connaître la raison ni le but. La souffrance est porteuse d’un message dont la compréhension constitue l’issue.

Le désir d’être heureux

Pourquoi croyez-vous que l’homme recherche le bonheur ? Pourquoi est-il fasciné par le bien-être et rejette-t-il la souffrance ? Le besoin d’être heureux lui est foncièrement naturel. Il est ancré au fond de son être, dans les racines de sa structure mentale. De toute évidence, la douleur est un intrus dans la nature humaine. Ce qui signifie qu’à l’origine, l’être humain ignorait ce qu’était la souffrance.

La théorie de l’évolution affirme que les changements qui surviennent chez les espèces résultent d’un nouveau besoin, que la lutte pour la survie élimine les variations défavorables et que survivent uniquement les espèces les mieux adaptées. En d’autres termes, que la souffrance en finit avec les faibles. Pourtant, la réalité de la nature humaine proclame que tous sont nés pour être heureux, épanouis et victorieux, mais que quelque chose d’étrange est arrivé en cours de route, entraînant pour l’homme une expérience encore inconnue. Cette expérience est la douleur.

Comprendre le sens de la douleur et de la souffrance est l’un des défis les plus complexes que l’être humain affronte. Même un enfant s’interroge : « Si Dieu est amour et omnipotent, pourquoi permet-il la douleur dans le monde ? Pourquoi n’élimine-t-il pas la souffrance afin que toutes ses créatures soient heureuses ? » André Frossard a dit avec raison que l’origine de la douleur et du mal « est la pierre sur laquelle s’achoppent toutes les sagesses et toutes les religions. »

Indépendamment de sa religion ou de sa philosophie de vie, en sentant la douleur déchirante, l’homme se demande : Pourquoi ? Pourquoi ? Et de son amertume naît seulement l’horrible interrogation de Christ sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27 : 46).

À ces interrogations s’en ajoute une autre : Pourquoi tant de bonnes personnes vivent-elles dans la pauvreté et le malheur, tandis que tant de méchantes gens, par contre, profitent du bonheur et prospèrent ? Ces questions peuvent sembler rationnellement valides, mais elles impliquent un concept de Dieu rabougri, trop humain. Elles donnent l’impression que nous pourrions tous organiser l’univers mieux que Dieu lui-même car, à nous entendre, si nous le contrôlions, les guerres, les crimes, la faim, la pauvreté et la maladie n’existeraient plus.

Pourrions-nous vraiment mieux gérer l’univers que Dieu ? Pouvons-nous résoudre les problèmes que nous avons nous-mêmes créés ? Pouvons-nous regarder le futur avec optimisme ? Je crois que non. Le futur est sombre et ses perspectives ténébreuses. La crise financière n’est pas un fantasme imaginaire inventé par un petit groupe de spécialistes. Le fait que quelqu’un ne croie pas que des vents destructeurs s’approchent ne diminue pas le danger. La préoccupation, l’incertitude et la perplexité sont déjà installées dans le monde financier et économique. L’étroite relation qui existe entre les marchés d’un monde globalisé fait qu’une crise déclenchée dans n’importe quel endroit de la planète ait des répercussions immédiates sur l’économie de n’importe quel pays et affecte par là même l’économie de chaque individu. 9

La souffrance du citoyen contemporain due à l’économie est réelle. Le riche qui lui préfère la mort, comme Adolf Merckle, le sent. Et le pauvre qui n’a où vivre, le sent aussi. Le banquier comme le fermier le sentent. Personne n’échappe à la douleur que comporte l’instabilité.

C’est seulement ça, la vie ? Rêver, faire des plans et les voir réduits en poussière par l’adversité ? Regarder l’avenir sans aucune certitude, ou, si vous en avez, craindre de la perdre d’un instant à l’autre ? Pourquoi, plus vous vous efforcez de comprendre l’origine de la douleur, n’y arrivez-vous pas ? Où chercher l’information correcte ? Continuez à lire…

NOTES

1. El País (Espagne), 3 novembre 2004.

2. S. Aparicio, https://bit.ly/2YP0JXE (consulté le 28 juillet 2015).

3. H. Cilio, Isto é dinheiro, 14 janvier 2009.

4. El País (Espagne), 6 janvier 2009.

5. https://bit.ly/2KLbQ1x (consulté le 28 juillet 2015).

6. El Universal (Mexique), 21 avril 2009.

7. Y. Martínez, Tendencias 21, Universidad Comillas de Madrid, 29 juin 2012.

8. Catéchisme de l’Église catholique, Première partie, 2e section, chapitre 1, article 1, paragraphe 3, n° 272, https://bit.ly/2JCMaTq (consulté le 13 août 2015).

9. R. de Sagastizabal, Crisis financiera global : ¿Cuál nuevo será el nuevo multilateralismo?, mai 2009, https://bit.ly/2VQLzjp (consulté le 13 août 2015).